C'était comment ?.... le 4 janvier 2001

Publié le par fof74

             Et oui, comme 2010 ne me verra sans doute pas remplir de pages toutes les semaine, situation familiale oblige (!) et que la montagne est tout de même toujours présente, je me propose de publier ici quelques compte-rendus de mes saisons passées qui ont rempli d'épais cahiers que je relis de temps à autre !

On commence par le 4 janvier 2001.
C'était un jeudi. Et j'avais décidé d'aller au Col Ratti


           Bis repetita. IL FAUT ETRE DINGUE POUR SORTIR DANS DES TEMPS PAREILS... La météo n'avait rien prévu de sensationnel, un temps plus que couvert, du vent, des averses de neige à 1200 m (c'est encore bien haut tout ça) mais olivier et moi étions loin de nous douter de la tempête qui nous attendait.

           Je ne savais pas où aller, malgré mes envies de Grand Saint Bernard (je suis maintenant équipée en topo et cartes) mais Maitresse Météo, encore elle, décide de tout en ce moment, et me mène la vie très dure, le moral notamment. Donc j'essaie de recruter quelqu'un prêt à sortir par touts temps. Ce sera Olivier.
Comme avec Fred, nous partons sous une pluie battante mais rien ne nous arrête. Pas même la vue désolante des prairies inlassablement humides, mais sans neige. L'attendrons nous inexorablement cette saison ? Elle tombe juste avant le col de l'Encrenaz, où je redouble de vigilance avec ma Pétrolette qui s'en sort magnifiquement bien. Nous ne sommes pas seuls, il y a d'autres cinglés au rendez-vous. Partant également pour le col Ratti.

         Alors en route. En route vers de nouvelles aventures, intrépides et dantesques ! Très vite la visibilité devient nulle et heureusement qu'une trace est faite, je serais incapable de me repérer. Une aide cependant, comme quoi l'absence de neige a parfois du bon : les touffes d'herbe, les sapins qui dépassent nettement, même les plus petits, sont de bons points de repère et d'évaluation de la pente. Je suis en tête jusqu'au petit col, la tête dans le froid et la neige, affrontant ces conditions difficiles et pourtant radieuse. Au col de la Basse, les choses se gâtent, car nos prédécesseurs ont fait demi-tour, dégoûtés. Ils monteront au Chéry.  On continue, nous ? Bien sûr qu'on continue, allez c'est reparti, et cette fois ci c'est Olivier qui part devant, comme une flèche, comme d'habitude. Je ne suis pas trop mal, mais surtout, je suis dans mon élément, les montagnes, qui depuis quelque temps ne sont pas très reconnaissantes mais l'heure viendra sans doute.  Si c'est cela le prix à payer pour gravir le Mont Rose sous le soleil et dans une forme aussi resplendissante que lui, alors, qu'importe. Si cela doit prochainement me pousser en haute altitude par manque de neige en bas, à faire des courses dignes de ce nom, alors d'accord. Mais gare, car si cela m'empêche de sortir, me cloue chez moi ou à faire 500 m de dénivelée toute l'année, toujours sous le brouillard, je vais me fâcher tout rouge et bien faire comprendre mon dépit. Tout vient à point à qui sait attendre, certes, mais si mes souvenirs sont bons, cela fait tout de même depuis la Toussaint que nous pataugeons dans cette situation, entre pédestre et ski, entre mauvais pédestre et mauvais ski (NDA tiens 2010 serait-elle la réplique de 2001 ?!)...

             Nous avons remonté toute la crête à droite et nous bifurquons avec le vent qui nous glace la joue. Cela me semble bien long cette dernière montée, mes souvenirs m'ont trompée. Le col est tout soufflé, avec beaucoup de touffes d'herbes apparentes. Ça promet pour la descente. D'ailleurs il faut revoir nos projets, avec ce temps, il est hors de question de descendre sur Foron. Déjà retrouver notre trace de montée jusqu'au bout ne sera pas du gâteau. Avant tout, se préparer pour la descente est bien difficile tout court ! Les peaux qui s'envolent (mais ma technique habituelle, apprise justement "en cas de grand vent au col Ratti" s'avère imparable), le masque, le gore-tex, la capuche c'est bien long mon affaire et Olivier se gèle. Mince, j'allais repartir sans avoir resserré mes chaussures. C'est tout bon pour entamer la descente... et quelle descente ! On se prendra tous les deux de belles gamelles, Olivier tentera quelques virages, moi aussi, mais pas de pente, donc pas de maitrise, et brouillard, donc... chasse neige, comme en Autriche. Ah l'Autriche.... Elle est encore bien présente dans ma tête et c'est vrai que par ces conditions, je nous revois tous à la queue leu leu, heureux et fiers, mais devant garder la tête froide pour affronter la tempête et arriver à bon port, en l'occurrence le Similaun Hütte, sans encombre. Ah, l'Autriche..........

             Nous revoyons notre trace et des cailloux nous guident. Je vois Olivier qui remonte le petit mamelon sans prendre la piste de montée. On y trouve généralement un meilleur ski, mais est-ce bien le moment? Et il n'y a rien de tel pour me mettre de mauvaise humeur, j'ai une sainte horreur de ces p***** de remontées en escaliers, surtout que mes skis sont bien fartés et glissent, et que ce sympathique exercice de ne déroule pas sur 5 mètres... Et le  ski ne sera guère meilleur. Un peu plus de pente, de visibilité, quoique... je sens soudainement que je descends bien vite et il y a quoi souvent après une pente en travers ? un mur ! Plouf, je fonce droit dedans alors que je suis en train de me dire "trop tard" ! Au milieu des sapins, avec quelques virages sautés, nous retrouvons ma pétrolette, bientôt enfouie sous la neige. Elle a encore une sacrée tâche à accomplir, celle de descendre sur la route où le chasse neige n'est pas passé (NDA et sans pneu neige !) Zéro faute, merci pour elle !

                C'est bien triste de retrouver Thonon, certes la douche est bonne mais les montagnes sont loin derrière. Elles se dégageront en fin d'après midi, juste pour la nuit, comme pour nous narguer, car c'est encore du mauvais qui est prévu pour demain. Bossetan sans conviction ? Ça va être soufflé, dans les nuages, ça ne me dit rien. Mais où alors, où aller prendre mon grand bol d'air pur ?


Ouais, ouais, j'étais un brin tarée !
Ce petit compte rendu (toujours trèèèèèèès subjectif !) me permet de rendre un hommage à Olivier, disparu dans une avalanche aux Hauts Forts quelques années après. Sa devise aurait pu être toujours plus haut, toujours plus fort. On se demandait tous ce qu'il pourrait l'arrêter, sans se douter ce se serait cette coulée mortelle qui le ferait....


je n'oublie pas en ce début de mois de Janvier de vous souhaiter
UNE EXCELLENTE ANNEE 2010
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