WE du 15 août 2010 : Tentative au Rateau en "hivernale" !

Prévi météo du jeudi : pas folichonne sur la Haute Savoie, un peu mieux sur les Ecrins

Prévi météo du vendredi : franchement dégueu sur la Haute Savoie pour le dimanche et toujours de possibles éclaircies sur les Ecrins

Donc, vamos pour les Ecrins alors !

En plus, quel luxe, ce coup ci c'est pas bivouac, mais REFUGE !!!pas de sac de 15 kilos à porter et l'assurance d'être au chaud et au sec en cas d'intempéries (oui c'est quand même prévu des averses pour le samedi après midi !)

Effectivement on aura remonté le long vallon de la Selle avec des averses éparses puis franchement de la bonne pluie qui mouille (un petit crachin breton des plus humidifiants !!)

Arrivée au refuge de la Selle dans le brouillard.

Quelques personnes quand même qui restent ce soir, beaucoup on annulé mais on ne sera pas seuls !

Accueil super sympa, une bonne soirée dans la simplicité, en regardant la neige tomber... Petit coup de stress avec les prévi météo en direct... On confirme l'arêt des précipitations dans la nuit, un plafond nuageux vers 2600m/3000m, de probables éclaircies avant le retour du mauvais dans l'après midi...

On est motivés à fond, tout en sentant dans l'air, quand même une vague odeur de but !!!

 

Mauvaise nuit mais en forme à 3 h 30 !

Départ 4 h !

Effectivement il ne neige plus, le brouillard n'est pas loin mais la visibilité pas encore trop pourrie et surtout, j'ai vu UNE étoile ! Une petite lueur autant dans le ciel que dans ma tête. Purée on va l'avoir ce Rateau !

On devine encore pas trop mal le sentier sous les 5 cm de neige, à la limite, la neige c'est pas mal, au moins la frontale éclaire vraiment bien !

Y a bien une ou deux errances, c'est pas toujours simple à suivre, Stéphane fouille les bosses sur les cailloux histoire de déneiger un ou deux cairns, parfois aussi quand ça se gâte une marque rouge entr'aperçue nous remet sur le bon chemin.

On perd cairn, marques rouges et donc sentier pour venir buter sur des barres qui nous dominent, allez, d'après la carte, le glacier n'est plus très loin

une descente au pif, et on retrouve le tout ! pour le reperdre ensuite. Mais il est où le glacier ?? Le jour se lève (enfin on commence à ne plus avoir besoin de la frontale) ce qui est pas de bol c'est qu'on nage en plein brouillard désormais. Grrrrrrrrrr.

Ah, du blanc (remarque le blanc c'est la couleur du jour !)

Ayé, enfin le glacier.

Je nous sens déjà un peu à la bourre :-/

La remontée du glacier sera longue aussi. Dans une atmosphère "il fait tellemetn blanc partout qu'on en sait plus où est la limite entre la neige et le brouillard"

Et je brasse et je brasse, pétard mais c'est tombé 30 cm là ou bien ?

Navigation à vue (enfin, au nez !)

ça se lève un peu, génial, peu avant la pente qui permet d'accéder au départ du crux de la voie, la brèche du Rateau. Je préfère avoir de la visi pour la trouver la brèche !

Dernière pente un poil plus raide où ça brasse toujours autant.

Je monte voir au bord de la rimaye. Gloups, ça n'est pas très engageant. Pour du F, sont gentils, mais ça me parait un peu chaud quand même

Stéphane s'y lance. Enfin, tente de s'y aventurer. Ouais bof. En plus ça commence à cailler sévère, et tiens c'est bête, ça reneige. En tête, ça galère un peu. Stéphane cherche les prises, pose des coinceurs pas toujours faciles à placer, nous fait une opération de déneigement en direct histoire de trouver un passage facile (c'est bien côté F la course, non ??)

Il commence à  faire vraiment froid, l'heure tourne inexorablement, le temps se gâte vraiment, comment dire, la motivation en prend un sacré coup là. Quand je lance un "si tu veux, on s'arrête là et on rentre" je me rends compte que on va bel et bien buter là, au pied cette fichue brèche. Fais suer !

Allez, demi tour, avec quelques couches supplémentaires de vêtements sur le dos. Ah ça, la descente dans la fraiche ça avance tout seul ! Et puis.... un coin de ciel bleu, vers le Replat. Un autre du côté de l'arête du Rateau. Oh pétard, c'est quoi ce binz ?

Puis ça se déchire et c'est limite le grand bleu au dessus de nous. Les bouuuuuuuuuuuuuuuuules. Je regarde Stef derrière. Un coup d'oeil complice. On est bien d'accord, on veut pas se laisser abattre comme ça !

Re-demi tour !

Remonter la pente d'accès au couloir est moins dur, la trace est faite !

Ce coup ci, je sors la doudoune pour assurer Stef !

Et c'est reparti !

Allez, le passage corsé de tout à l'heure passe. En fait y a de gros escaliers sous la neige, mais cette nege que j'aime tant l'hiver nous donne du fil à retordre !

A mon tour, fiou ça pèle les mains cette histoire !

Effectivement c'est pas dur ! On va la passer cette brèche !

Stef s'élance au dessus du relais. C'est pas gagné là

Y a l'air d'y avoir un pas !

Je recommence à avoir froid aux mains.
Stef lutte pour faire ces quelques pas.

Les minutes s'égrennent, j'ai l'impression que ça fait une heure que je suis là, à regarder le ciel se dégager puis se recouvrir. C'est limite si ça se remet pas à neiger, mais c'est quoi ce bordel, il se fiche de nous le Rateau là ou quoi ?

Allez, enfin, Stef est sorti. Ouf, à moi de grimper. J'ai déjà plus de doigts, mais en cherchant les prises dans la neige, alors ça c'est la fin des haricots. Je sens plus mes doigts, c'est comme si en prenant le rocher j'arrivais plus à les obliger à serrer la prise. Heu, mais c'est pas du F ça, c'est pas possible ! C'est du bon mixte ce couloir !! Ah et puis elle me fait quoi ma jambe là, à jouer les feuilles mortes et à trembler comme ça, de manière incontrolable ? Ouh là c'est pas tant bon ce passage !

Hum, elle est sympa la sangle là au dessus de moi ! L'important c'est pas le syle mais de passer, hein, c'est bien ça ?! et hop, c'est bon de tirer sur cette sangle et de monter un peu ! Coincement de genou, de jambes, cramponnage aléatoire sur le rocher, retirage sur la sangle du dessus, allez, j'en vois la fin !

Mais j'ai mal aux doigts ouille ! J'arrive vite au relais de Stéphane en haut de la brèche, pour n'y voir que du gris, du gris et encore du gris. Et récupérer doucement la sensation dans mes doigts au prix de cette douleur que toute personne qui s'est chopé une belle onglée connait. Mais ça fait maaaaaaaaaaaaaal.

Ce coup ci on peut descendr,e vraiment, de toute façon, il est midi, on va pas se tenter le début de l'arête le mixte réputé "facile "(décidément !) semble quelque peu verglacé...

Petit rappel, ça, j'aime !

Puis désescalade facile jusqu'en bas. Et puis, go to, le refuge. C'est un peu long, mais au moins on voit clair. Dernières éclaricies fugitives sur l'arête puis tout se rebouche à nouveau.

Petite pause au refuge, puis descente sous quelques rares gouttes à la voiture. Même le temps de savourer quelques framboises sur le chemin !

Les conditions n'étaient pas les meilleures pour la réussite de la course, ça a quand même mis pas mal de neige et l'arête n'aurait peut-être pas été en super conditions. Ceci dit, après la joie d'avoir quand même passé une fois de plus une journée riche en montagne, peut-être le regret de ne pas voir persévéré la première fois dans la brèche, on serait sans doute monté un peu plus haut.

Un ptit but mais après tout, il n'y a que ceux qui en sortent pas qui ne s'en prennent pas ?!

le topo c'est par là ;-) link