Samedi 3 juillet 2010 : Traversée des Dents de Lanfon

Publié le par fof74

La traversée des dents de lanfon. Rien de moins que l'antépénultième rando de mon bouquin « les randonnées du vertige en haute savoie ». Avant la traversée du Chauffé et le Tenneverge...

Une de ces randos que je convoite depuis longtemps sans jamais avoir osé y aller... Sauf que là, des choses ont changé.

Quand, au cours d'échanges de mails lors de la préparation d'une soirée c2c « ienne » cette traversée a été évoquée, cela a ravivé mon envie d'aller parcourir ces arêtes. Et puis, non, en fait avais-je le droit de m'imposer dans une telle « collective », que se passerait-il en cas de « coup de flip », et si je devais à un moment donné forcer mes coéquipiers du jour à faire demi tour pour cause de trouille au ventre incontrôlable. En même temps, me disais-je ce serait un bon test pour la suite. Où en suis-je d'ailleurs de mes peurs et appréhensions. Ces démons d'avril 2001 sont-ils toujours aussi puissants ? Il fallait que je sache.

 

07 03 lanfon 01Samedi donc après une soirée tardivement terminée, rendez vous à 9 h 00 à Annecy nord avec 3 rescapés du repas plus que sympathique (même si un peu arrosé – de pluie bien sûr !!!). Départ plus que tardif à 10 h 00 donc du chalet de l'aulp. D'après le topo, il fat 2 h 00 pour parvenir au départ de la voie... Plus 2 h 30 de traversée, et 2 h 30 encore de retour. Sans vouloir contrarier les envies de baignade au lac d'Annecy de Thomas et Agnès, va falloir faire fissa si on veut profiter de l'eau lors de cette journée carrément estivale !

 

07 03 lanfon 02Laure se tord la cheville dès les 100 premiers mètres, elle ne s'est pas ratée mais on espère que ça n'est pas trop grave.

Montée à un rythme que je trouve pépère à travers prés et alpages. Les Dents de Lanfon apparaissent mais elles sont encore bien loin ! Elle est longue cette approche :-O

07 03 lanfon 03Les choses sérieuses commencent en sortant de la grosse piste. Petit sentier de crète avec le lac d'annecy de son bleu magique en contrebas. C'est beau ! Et il fait chaud ! C'est vrai que l'idée de piquer une tête dans le lac est plutôt alléchante ! Nous voilà au pied de la Dent Sud. Le sentier devient accidenté, descend dans des gravillons avant de rejoindre l'attaque de la traversée, la base du couloir permettant d'atteindre l'arête. 07 03 lanfon 04

Innnnnnnnnnnnnnnnnnnspirez, expiiiiiiiiiiiiiiiiiirez... Dans ma tête tout se bouscule pendant qu'on s'équipe. Ne pas faillir vaincre mes peurs, être forte, dominer ces fantômes qui me hantent, ne penser q'au plaisir de la « grimpe », de la sensation sur le rocher, du cadre idyllique...

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07 03 lanfon 07Un truc qui est sûr c'est que ce couloir annonce tout de suite la couleur ! Stéphane a déjà pris quelques longueurs d'avance, mais je suis rassurée, derrière moi, ça se bouscule pas au portillon ! Quelques passages un peu expo, un couloir de bonne grimpette, ça passe. Pas trop mal même. Derrière, apparemment on trouve certains pas un peu chauds ! A l'arrivée sur l'arête, vrai point de départ de la traversée il est déjà 13 h 00. Thomas et Agnès nous abandonnent et décident de faire demi tour, ce terrain un poil péteux n'étant pas du goût de Thomas qui, de plus, ne veut rater pour rien au monde sa baignade dans les eaux turquoise du lac en contrebas.

 

07 03 lanfon 08 1er colOn continue donc à trois (enfin à trois et demi !!), Stéphane devant ouvrant la voie, moi au milieu et Laure derrière, passant devant pour les passages ô combien nombreux de désescalade. Et c'est parti pour … 5 h de montagnes russes dans une végétation plutôt méditerranéenne où les pins se mêlent au muguet et aux edelweiss en fleurs, le tout sous un ciel bleu éclatant et dans une chaleur omniprésente.

07 03 lanfon 11Ca grimpe, ça redescend, ça passe en traversée aussi, et on cherche l'itinéraire, parfois un bout de sente apparaît, et on remonte, dans quelques jolis pas d'escalade. Pour moi tout va bien, enfin pas trop mal. Je prends mon temps, me perds un peu parfois dans toutes ces manip' de corde, voudrais, souvent ne pas avoir à attendre que la corde se tende et y aller franchement (il me semble qu'on n'est pas rapides du tout !). Justement c'est cette impression de « lenteur » qui me pèse un peu. C'est long, et mine de rien, maintenir mon attention constamment être concentrée à chaque instant m'use un peu. La chaleur n'aide pas et fiou, ça me pompe un sacré paquet d'énergie. C'est à un moment de fatigue avéré que se présente LE passage que je redoutais. Forcément ça allait se présenter à un moment ou à un autre. LE pas à faire que ma tête se refuse à faire. C'est pas grand chose. Une mini descente, un rocher bombé sur le côté qui empêche d'être bien dans 07 03 lanfon 12l'axe, et surtout, le trou en contrebas qui me terrifie. Si je me laisse glisser, j'ai une peur bleue que mes pieds aillent droit dans ce vide béant sans passer par la case « terre ferme ». Laure m'aide beaucoup. Me dit où placer mes pieds, m'encourage. De toute façon faut que je passe. Il le faut. Et je souffle, et je tente de mettre mes idées en place dans ma tête, remettre de l'ordre là dedans où tout se bouscule. Et je passe. Mais intérieurement le mal est fait. Je suis vidée et je peste, j'enrage. Put**** mais ça ne me quittera donc jamais ?

Je pensais que l'on était bientôt au bout de nos peines mais non, ça continue, toujours avec le vide présent, les désescalades avec assurage sur les racines des pins, les courtes périodes de marche, les séances grimpouille plus ou moins athlétiques, mais de plus en plus esthétiques. Une pensée positive, j'apprécie de plus en plus le contact avec le rocher (comment aurais-je pu penser une chose pareille, moi que ce même rocher avait plutôt tendance à terrifier.)

Petit couloir à remonter, et le crux de la voie ? Une magnifique boite aux lettres avec une sortie plutôt aérienne. Laure se demande si elle va pouvoir passer !! C'est la fin des difficultés, le sommet de la Dent Centrale est atteinte, il est 18 h 00, le soleil estival rayonne encore de mille feux mais dans des lumières qui ne tarderont pas à se faire plus rasantes, le lac d'Annecy (qui ne nous verra pas !!) se vide peu à peu, les Bauges sont cachés sous quelques nuages et la Tournette commence à se faire solitaire.

07 03 lanfon 13 sommet !

07 03 lanfon 14 07 03 lanfon 15 sommet vue sur tournette

Laure se demande comment va se passer la descente car elle a de plus en plus mal à la cheville. Au début ça va bien, sentier buccolique dans la mégaphorbiée (quel contraste avec l'ambiance maritime de toute la traversée!), puis dans les lapiaz, encore trois désescalades qui demandent un peu d'attention. On marche tout doucement et c'est vrai que si j'étais sans doute à la traine dans la traversée, sur ces sentiers parfois un peu pourris, je suis revenue sur des terrains dans lesquels je suis bien plus à laise. Et puis arrive le couloir « terreux et scabreux » décrit dans le topo. Je m'attendais pas à ça, personne de nous trois je crois. Surtout pas à un truc aussi long. Une horreur ce couloir (surtout qu'on était encore encordés et que finalement ce n'était pas le plus pratique). Une vraie merde sans nom ce couloir, effectivement, terreux, pierreux et surtout plus que péteux. Laure déploit des efforts inconsidérables pour protéger à la fois cheville et bidon. On se demande quand ça va etre fini. Un faux espoir et c'est reparti pour un tour dans ce terrain 07 03 lanfon 16dégueu. Enfin on sort de ce passage pour le moins désagréable. Traversée à plat sous les Dents de lafon, nous sommes désormais à l'ombre. On cherche une solution pour éviter à Laure d'avoir à retourner à pied au chalet de l'aulp parce qu'avec sa cheville, c'est hors de question qu'elle marche davantage. Après quelques hésitations, les personnes du chalet en contrebas acceptent de la descendre par la piste 4x4 au village d'en dessous. Ouf ! Commence alors un contre la montre avec Stéphane pour rejoindre la voiture. Montagne déserte à présent s'étant dotée de couleurs chatoyantes d'un début de crépuscule. Pas trop le temps de profiter de cette ambiance que j'aime. Il faut faire vite mon téléphone m'avertit que Laure est déjà en bas. Stéphane trouve une énergie à grimper la dernière cote qui me sidère, alors que moi, j'en peux plus !

Un truc est sûr, vue l'heure (21 h 30) et le programme de la fin de soiré, les prévisions de courses pour le lendemain dimanche vont être révisées à la baisse, et même au néant !!

07 03 lanfon 21 tournette07 03 lanfon 2007 03 lanfon 22 coucher de soleil

En tout cas, heureuse heureuse d'avoir réalisé cette magnifique course et avec cette cordée là. Et même si il y a eu quelques moments délicats, jamais je n'aurais espéré il y a bien peu de temps pouvoir finalement l'oser et la concrétiser dans de bonnes condition. Le choses avancent, et c'est bien ça qu'il faut retenir ! Merci Laure, merci Stéphane ! ;-)

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